XVe Congrès de l’ACCD’OM

18 Novembre 2006
PARIS

Discours d'ouverture du Président Jean-Claude CHRISTOPHE

 Discours prononcé lors de la cérémonie d’ouverture du 15ème congrès 

Madame Georges PAU LANGEVIN, Représentante du Maire de Paris,

Monsieur Eric PAREYDT, Représentant du Président de l’Association des Maires de France,

Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs les congressistes,

Chers invités, Chers collègues,

C’est avec une énorme satisfaction que nous vous invitons à noter la présence de :

  • Mme. Béatrice VERNAUDON, députée de Polynésie française ;
  • Madame Jocelyne LAURET, Présidente du Comité du Tourisme

Un mot aussi à l’attention de ceux qui n’ont pu avoir de place dans les avions pour être parmi nous, je pense à une partie de la délégation de Nouvelle Calédonie, Farino, Dumbéa…

Et aussi à ceux qui, invités, ont tenu qui à nous exprimer leur solidarité et s’excuser de leur absence comme :

Léon BERTRAND, Ministre du Tourisme, Maire de St Laurent du Maroni et administrateur de l’ACD’OM ;

Louis LE PENSEC, Président de l’AFFCRE (Association française du Conseil des Communes et Régions d’Europe) dont l’ACD’OM est adhérent ;

Jean Pierre ROUMILLAC, Président de l’Association des Maires de Guyane ;

Christiane TAUBIRA, Député de Guyane,

Jean Paul FERREIRA, le Maire d’Awala Yalimapo,

Et notre ami Roland ROBERT, Maire de La Possession, dignement représenté ici.

Un adage de chez moi, en Guadeloupe, dit qu’il ne faut jamais blâmer une contrariété. Cette vérité populaire s’est de nouveau vérifiée avec l’impossibilité de tenir notre 15ème congrès à La Réunion comme nous l’avions souhaité.

Si le risque sanitaire existant nous contraignait à tenir finalement notre congrès à Paris, par la même, elle contrariait notre désir d’exprimer à travers ce geste, toute la solidarité que les administrateurs de l’association des communes d’outre-mer voulaient lui signifier. Et c’est ici, à Paris que, l’association solidarité-chikungunya, administrée par des Réunionnais résidant en métropole, nous offre, aujourd’hui, la possibilité de l’afficher. Elle prend une forme originale en faisant de nous un des partenaires de la promotion de leur projet « Marcher pour Montrer » ayant pour ambition de Conjuguer harmonieusement découverte de l’île ( …) et action de solidarité, idée qu’ils nous présenterons dans un instant. A noter qu’aujourd’hui même, alors que l’été austral a débuté depuis quelques semaines à La Réunion, la presse nous annonce qu’une fois de plus, ZERO cas de chikungunya n’a été enregistré cette semaine, ce qui tend à prouver que la crise est derrière nous et que la situation sanitaire est maîtrisée.

C’est pourquoi, nous disons que cette catastrophe sanitaire en nous imposant, en quelque sorte, la tenue du congrès à Paris, nous offre l’opportunité de nous interroger sur l’évolution des conditions de vie des ressortissants de l’outre-Mer résidant en Métropole.

Questionnement irrationnel direz-vous, car les citoyens de ces territoires français sont tous des « Français à part entière ».

C’est bien cette irrationalité qui habite l’imaginaire des ultramarins, pétri par la douceur d’une culture « maternelle », confronté à l’anonymat d’une vie quotidienne chez « la mère patrie », qu’ici les histoires de vie interpellent. D’autant que, la confrontation avec cet environnement social différent et indifférent, a désappointé plus d’un et a généré, chez d’autres, de profonds traumatismes, les poussant jusqu’à se qualifier de « Français entièrement à part ».

C’est bien cette irrationalité, qui entretient divergences et antagonismes entre le « négropolitain » et le « nèg péyi » à travers des représentations personnalisées de la « réussite sociale », laminant visions communes et pratiques solidaires et qui attriste la famille ultramarine récemment séparée. Les « récits sublimés », justifications posthumes des choix d’antan, ne font qu’ajouter à la distance naturelle des Océans celles que produisent les nouvelles mentalités de ces acteurs, du « théâtre des deux rives ».

C’est bien cette irrationalité, qui irrite les jeunes nés de « l’immigration ultramarine », dans cette société occidentale qui occulte son histoire coloniale, en faisant l’amalgame entre l’étranger et « ses petits-enfants », qu’ils soient nés, ici ou là-bas. Et c’est chez ces enfants reniés que la révolte gronde. Si hier, on déposait sa valise près de la porte de sa chambre du « rez-de-chaussée des Antillais », avec pour unique dessein le retour au pays ; aujourd’hui, on range sa valise dans son appartement, de « banlieue », pour y faire définitivement sa vie.

C’est bien cette irrationalité, qui préoccupe le futur de ces originaires de l’outre-mer dont, les statistiques nationales, respectant les lois contre toutes les discriminations, ne répertorient plus leurs enfants nés en France, chez eux ; d’où l’impossibilité d’obtenir, dorénavant, des données officielles sur ces familles « Françaises ultramarines », que germent la discorde. Car délayés dans une société de la modernité, tentant d’afficher sa multiethnicité et son multiculturalisme, ces nouveaux anonymes sont fait « zombies » de la modernité par une législation qui augmente les difficultés à apprécier l’évolution des phénomènes sociaux économiques, les concernant.

C’est bien cette irrationalité, qui a fait perdre la tête a beaucoup d’édilités en mission, dans ce Paris mythique, pour défendre des intérêts ultramarins que l’histoire politique n’avait jamais pu acter. Paradoxalement, cette destination est le point de convergence des élites et décideurs ultramarins car elle facilite leurs rencontres en réduisant les distances, favorise l’amplification de leurs lobbyings auprès de décideurs, offre une scène universelle, à l’expression de leur riche diversité culturelle, solidarise leurs biodiversités, pour qu’elles génèrent de la valeur ajoutée, confirme leur valeur en leur permettant de participer à la magnificence de la nation. Etc, etc.

C’est donc, bien toutes « ces irrationalités » qu’il s’agit d’observer aussi, au cours de ce 15ème congrès, dont le thème est « Agir pour une égalité différenciée de l’outre-mer dans la responsabilité et l’unité ». Ce rassemblement, de par la symbolique qu’il affiche, participe à la construction de la mémoire collective de notre association, tout en la préservant de toutes démagogies.

Toutefois, se tenant à la veille des élections présidentielles, ce congrès, plus qu’un autre, nous offre l’opportunité d’en faire une réflexion stratégique, pour un cahier de revendications prospectives. De l’opportunisme crieront nos détracteurs et certains observateurs, Non ! réfuteront les congressistes habituels. Car ils y verront une continuité, s’inscrivant dans la réalité des travaux de nos congrès, qui se clôture par le vote de résolutions et de motions.

Rappelons que les dernières résolutions et des motions ont traduit, bien avant d’autres, les craintes, les savoirs faire et les innovations des élus ultramarins. Autrement dit, ce rituel, consistant à transmettre résolutions et motions aux instances intéressées, témoigne d’une détermination, vieille de plus d’une dizaine d’années.

Même si nous observons, avec curiosité, le ministère de l’outre-mer dont l’absence de représentation à nos deux derniers congrès traduit une gouvernance dont nous laissons le jugement à d’autres. Mais entre temps, avec impartialité interrogeons nous : « Le ministre est-il le seul condamnable ? »

Et même si, par hasard, par maladresse ou sciemment, la politique sous-tendait ces positions, alors faisons que prime le débat démocratique pour nous exercer à la citoyenneté responsable que nous sollicitons régulièrement de nos administrés. Sans omettre toute l’exemplarité que nous en tirerions, au regard de gouvernances arbitraires qui ont jadis marqué, les mémoires populaires de nos régions.

Bref, ce sont de ces cris annuels, ayant donné souvent l’impression d’être sans échos, que se sont construites, progressivement, nos certitudes, pour :

  • Agir, ensemble afin de consolider l’action militante ;
  • Une Egalité différenciée, où les particularités (géographiques, culturelles, institutionnelles) ne doivent pas être prétexte à la perpétuation de la devise « diviser pour mieux régner » ;
  • Une Responsabilité, qui rendrait obsolète le vieux stéréotype de « la main tendue » ;
  • L’Unité, d’une pluralité devant conforter une solidarité porteuse d’espoirs.

C’est fort de ces engagements que nos adhérents sont venus, l’an dernier, des trois océans pour participer massivement au congrès de Guadeloupe, exprimant ainsi solidairement leur désir de voir vivre notre association.

C’est ce sentiment qu’a traduit dans leur grande majorité, les observateurs locaux en disant leur surprise et leur enthousiasme par la rigueur et le sérieux de nos travaux. Souhaitons qu’ils en soient de même cette année, et nous comptons sur votre participation active aux débats de nos quatre ateliers :

  • « L’outre -mer français, une richesse pour la France et l’Europe » ;
  • « Problématiques ultramarines des communes confrontées aux problèmes de logement et d’emploi de leur population » ;
  • « Quels outils pour un développement durable et solidaire de nos communes : intercommunalité, SEM, … » ;
  • « Mobilité et insertion citoyenne en métropole des originaires d’outre-mer » ;

Les circonstances laissent présager que l’atelier « Mobilité et insertion citoyenne en métropole des originaires d’outre-mer », fera l’objet, de votre part, d’une attention toute particulière. Normal serait-on tenté de dire, en ce lieu où les originaires ou ressortissants d’outre-mer sont nombreux, mais la réalité c’est que cet atelier nous offre l’opportunité de revisiter des liens qui, au cours du temps, se sont distendus. Et cela pour une redéfinition partagée de la notion de solidarité avec nos concitoyens résidants en métropole.

Ce qui n’enlève rien, à l’attractivité des trois autres. Tous, ils sont des lieux d’échanges de nos expériences territoriales et de déclinaison de nos pratiques de terrains, et c’est à travers ces partages conviviaux que naît l’espoir d’un avenir plus serein. C’est donc en toute objectivité que, nous vous invitons à exclure toutes attitudes ou propos, intentionnel ou pas, qui dévieraient nos travaux de leur objectif, d’être des moments de quêtes de solutions et de divulgations de nos expérimentations.

Soucieux de transcrire nos réalités et expériences territoriales, nous publions à 2 500 exemplaires le numéro cinq d’OUTREmag, Edition spéciale du 15ème congrès de l’ACD’OM à Paris. Distribué gratuitement, ce magazine rappelle la volonté qui nous anime d’en faire le périodique des élus, de l’outre-mer français.

Nous espérons que, la tenue de ce congrès, en métropole, à la fin de cette année 2006, en intégrant définitivement l’histoire moderne de nos peuples ultramarins, témoignera de l’ampleur de la mission que nous avons choisi d’assumer et de son importance pour l’avenir de nos concitoyens tant en outre-mer qu’en métropole. D’autant que, ceux qui sont résidents en métropole ont accompli l’exploit d’avoir constitué, ailleurs qu’en outre-mer, un autre territoire d’outre-mer. C’est dire que, ce détour au cœur de ce pays, exotique, devrait nous permettre de rendre une visite pleine d’humilité à des connaissances et à nos parents vivant  ici.

Mais transplantés, en ce lieu qui leur était naturellement hostile, ils ont eu besoin pour s’acclimater d’accompagnements pour ne pas dépérir, sur pied. Ces compléments en actions sociales, sportives, culturelles se sont formalisés, au cours des années, à travers la création d’associations à objets multidisciplinaires, de structures sociales et politiques. Si vous le permettez, c’est à leur intention qu’à titre personnel et au nom de la Martinique, de la Guyane, de La Réunion, de Mayotte, de la Polynésie française, de la Nouvelle-Calédonie et de la Guadeloupe que nous saluerons tous ces militants, ici présents.

Dans le même ordre d’idées, nous profitons pour remercier nos amis et collègues de l’AMEDOM, association, partenaire de l’animation de l’atelier « Mobilité et insertion citoyenne en métropole des originaires d’outre-mer » ; et dire officiellement notre gratitude à l’Association des Maires de Guadeloupe dont le Président et la Directrice se sont engagés pour que réussisse le 14ème congrès, ainsi que le 15ème. Il en sera de même pour les collectivités, annonceurs, partenaires, entreprises, institutions, syndicats intercommunaux, associations, personnalités et amis qui ont œuvré à la réussite de ce congrès de Guadeloupe. Et leur dire à tous, au nom de l’ensemble des délégations présentes en Guadeloupe, Merci.

Sachez chers collègues congressistes que, votre demande pour que l’organisation intègre « un temps pour la découverte du pays » sera à concrétiser. Malgré tout, votre présence nombreuse dénote, s’il en était encore besoin, que le désir de voyager n’est ni le principal ni l’unique motif de votre participation. Encore une fois, merci de votre engagement, pour que l’association des communes d’outre-mer continue sa modernisation, à travers l’approbation de nouveaux statuts et l’instauration d’une permanence parisienne rémunérée, afin de mieux répondre aux enjeux futurs.

A ce propos, le travail d’organisation réalisé par le secrétaire général, Lilian MALET,  mérite d’être souligné et ne pas le signaler serait lui en faire injure. C’est donc nous qui apprécions son travail, et souhaitons que nous lui en rendions grâce.

La présidence guadeloupéenne arrivant à son terme, sachez que ce fut une expérience formidable qui aura fait de moi un Homme bien plus déterminé à œuvrer, pour que les territoires d’outre-mer maîtrise leur développement durable et solidaire. La Guadeloupe vous remercie pour votre accompagnement et votre soutien durant ses deux ans de Présidence en espérant avoir contribué efficacement à la pérennité de cette œuvre commune. Merci à la commune du Gosier qui m’a permis de l’assumer. 

Nous ne pouvons terminer sans dire à toutes et à tous les ultramarins qui oeuvrent à la cohésion de la république de placer l’Homme au cœur de leurs ambitions pour que se construise une humanité plus responsable et plus solidaire.

Pour que continue à vive l’outre-mer, français, dans la responsabilité et l’unité !

Nous déclarons ouvert, ici à Paris, ce 18 novembre 2006, le 15ème congrès de l’Association des Communes D’Outre-Mer.

Bonne journée à tous et bon travail !

Merci de votre attention !

Jean Claude CHRISTOPHE

Président de l’ACD’OM

Les Motions

Motion relative à la biodiversité

MOTION RELATIVE A LA BIODIVERSITE

 

Les congressistes de l’ACD’OM, réunis à Paris le 18 novembre 2006

 

Considérant la diversité, l’importance majeure et le potentiel économique du patrimoine naturel ultra-marin, mais aussi sa fragilité face à des menaces croissantes ;

Considérant l’importance particulière de ce « capital naturel » pour l’avenir de nos populations d’outre-mer, notamment en terme d’activité économique et d’identité culturelle ;

Considérant que l’Etat a reconnu à travers l’adoption de plans d’actions locaux Outre-mer que la biodiversité ultramarine doit être désormais une priorité de l’action publique en outre-mer ;

Affirment que la biodiversité ultra-marine est une richesse majeure pour l’outre-mer, pour la France et pour le monde  ;

S’engagent à favoriser sur leurs communes ou intercommunalités des politiques de développement durable et solidaire préservant et valorisant les zones importantes de biodiversité ;

Demandent à l’Etat et aux institutions européennes que les politiques sectorielles qu’ils mènent outre-mer deviennent plus cohérentes, et véritablement compatibles avec la protection et la mise en valeur du patrimoine naturel ;

Demandent aux collectivités locales, à l’Etat et aux institutions européennes  de considérer la biodiversité et le développement durable comme des priorités stratégiques pour la programmation des crédits nationaux et européens ;

Apportent leur soutien à la partie outre-mer du « Message de Paris » adopté le 21 septembre 2006 à Paris par les participants à la conférence « Biodiversité dans la coopération européenne au développement ».

Motion relative aux problèmes de logement

MOTION RELATIVE AUX PROBLEMES DE LOGEMENT EN OUTRE MER

Les congressistes de l’ACD’OM, réunis à Paris le 18 novembre 2006

Considérant la crise permanente en matière d’habitat dans les régions et les pays d’outre mer,

confirment :

  • L’importance que constitue pour la cohésion sociale l’accès au logement des populations modestes
  • La nécessité de mettre en place un réel partenariat entre l’Etat, les Maires et les collectivités locales en matière de solidarité dans les domaines de l’emploi et du logement.
  • Alertent sur la situation particulière de Mayotte en prise avec des difficultés de moyens et contraintes spécifiques à ce territoire dans les champs de l’aménagement et de l’habitat, ainsi que l’absence de cadre de solidarité dans l’habitat entre l’Etat et la Polynésie Française.

Dans ce contexte, les congressistes considèrent essentiel de relancer la politique sociale de logement en outre mer en étroite relation avec les collectivités locales, en  associant l’ensemble des partenaires concernés et les réseaux d’opérateurs (FNSEM- L’USH)

Il est ainsi indispensable

  1. Que soit assurée une meilleure prise en compte des enjeux de l’outre mer dans les politiques nationales de cohésion sociale et territoriale.
  2. D’honorer rapidement la dette de l’Etat aux operateurs sociaux et mettre en œuvre la programmation pluriannuelle de la LBU pour engager un plan de relance du logement social  en locatif et en accession sociale.
  3. D’aider les Maires et les collectivités locales dans la mise en place de réserves foncières indispensables pour la maîtrise de l’aménagement de leurs territoires.
  4. De mettre en place des Etats généraux de l’Habitat dans chaque territoire, en lien avec les collectivités locales, les acteurs du logement et l’appui des organisations professionnelles des opérateurs.
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